Argumentaire scientifique

DOSSIER SCIENTIFIQUE


LES MARCHES DE LA MISERE (XVIIe-XXIe SIECLE)
THE MARKET OF MISERY (18TH – 21TH CENTURY)

 


PREAMBULE - Le colloque international pluridisciplinaire « Les marchés de la misère (XVIII° - XXI° siècle) », organisé par le Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA - UMR 5190) et par le Centre Georges Chevrier de l’Université de Bourgogne (CGC - UMR 7366), se tiendra à Lyon, les 17, 18 et 19 octobre 2018. L’organisation du colloque coïncidera avec la tenue de la Journée mondiale du refus de la misère, célébrée internationalement le 17 octobre depuis 1987 et reconnue par les Nations Unies depuis 1992. Cette manifestation scientifique s’inscrira dans les actions émanant des secteurs publics ou privés menées à cette occasion. L'objet est triple : revenir sur les discours tenus sur la misère et sur les représentations qui en ont été faites ; observer l'inscription de la misère dans le système économique, dans le temps et dans l'espace ; s'interroger sur la misère en tant qu'objet historique, c'est-à-dire réalité autonome susceptible d'une analyse critique ; le tout dans une visée pluridisciplinaire. Ses organisateurs entendent également poursuivre une tradition historiographique forte qui définit les recherches menées au sein des deux laboratoires qui organisent le colloque : l'axe du LARHRA « Action publique et mondes urbains », dans la lignée des préoccupations sociétales anciennes du laboratoire, a pour premier objet d'enquête la protection sociale et les populations fragiles (Europe, Proche et Moyen-Orient) : modèles et acteurs politiques, dispositifs institutionnels et humanitaires ; le projet scientifique du CGC, sous l’intitulé « Sociétés et sensibilités », porte une attention particulière aux formes de vulnérabilité des populations et aux conflits sociaux qui peuvent en résulter.
La dimension internationale du colloque est affirmée tant dans la composition du comité scientifique que dans les communications attendues : des chercheurs étrangers prestigieux sont invités à présenter leurs travaux et/ou à présider les sessions. 73 propositions de communication ont été reçues, provenant aussi bien d’Europe, d’Afrique que d’Amérique, parmi lesquelles 27 ont été retenues (à l'issue d'une triple expertise) ; les organisateurs ont veillé à ce que soient impliqués chercheurs confirmés et jeunes chercheurs. D’autre part, si l’essentiel des communications émane de chercheurs attachés aux institutions académiques, les organisateurs ont souhaité terminer le colloque par une table ronde en donnant la parole à des professionnels engagés dans la lutte contre la misère.


Les objectifs du colloque se situent à quatre niveaux : scientifique, international, partenarial, sociétal.


1/ Objectif scientifique - L’importance sociale du thème de la misère, qui peut être décliné selon
différents axes, n’est pas à démontrer. Depuis la crise économique de 2007-2008, et sous l’effet des nouvelles formes de circulation des marchandises et des capitaux, la question se trouve au centre des transformations politiques et économiques : accroissement des inégalités, interrogations liées à la répartition des richesses produites, politiques prônant l’austérité, phénomènes de dérégulation, bouleversements climatiques, crises migratoires, crispations identitaires et nationalistes, crainte du populisme ou de solutions extrémistes… L’ambition des organisateurs du colloque est de sortir des postures circonstancielles et des prises de position dominées par l’actualité afin d’inscrire la question de la gestion et de l’économie de la misère dans une réflexion longue. La rencontre réunira des chercheurs d'horizons variés autour d’un objectif scientifique d’une actualité cruciale : faire de la misère un thème de la recherche historique, tout en accueillant les démarches et les méthodes de disciplines académiques engagées dans l’analyse critique de questions proches, économie, sociologie,
anthropologie, droit, science politique. Le colloque se déclinera selon les axes suivants : économies, représentations, régulations de la misère (voir le programme détaillé joint).
La manifestation est le fruit de la collaboration entre une historienne moderniste, Natacha Coquery, membre du LARHRA, et un historien de l’art contemporain, Alain Bonnet, membre du Centre Georges Chevrier attaché à l’université de Bourgogne. Ces deux chercheurs avaient organisé conjointement un colloque sur « Le commerce du luxe – Le luxe du commerce » en 2012, dont les communications ont été réunies dans un ouvrage richement illustré, paru aux éditions Mare & Martin en 2015. Nous avons d’ores et déjà l’accord de cet éditeur pour publier les actes du prochain colloque.
Le colloque contribuera enfin au dynamisme scientifique du LARHRA (UMR 5190) et du CGS (UMR 7366). Son thème est cohérent avec les objectifs scientifiques des deux centres de recherche, où collaborent historiens et historiens de l’art modernistes et contemporanéistes (LARHRA), et historiens, historiens de l’art, de la philosophie, du droit, musicologues, sociologues et anthropologues (CGC). Les deux laboratoires partagent une conception semblable de l’histoire et de l’histoire de l’art, des disciplines qui mettent l'accent, dans la longue durée, sur l’étude des relations entre acteurs économiques, territoires et classes sociales, entre art, artistes et société, ainsi qu’aux interactions entre les imaginaires individuels et collectifs. Dans son organisation même, le colloque réunira des chercheurs des deux laboratoires appartenant à des équipes et/ou à des universités différentes (voir ci-après la
composition des comités scientifique et d’organisation).


2/ Objectif international - Le colloque servira le rayonnement international du LARHRA et du CGC, des pôles scientifiques (SHS) lyonnais et dijonnais et des départements du Rhône et de Bourgogne, en faisant participer de nombreux chercheurs étrangers de haut niveau (Europe, Afrique du nord et subsaharienne, Turquie, Amérique du Nord). Un nombre significatif des propositions de communication émane de chercheurs étrangers reconnus dans leur domaine de spécialité. La manifestation, outre son intérêt scientifique immédiat, permettra aux deux universités engagées dans son organisation d’approfondir les relations de travail avec des chercheurs d’horizons géographiques très variés. Enfin, les actes du colloque seront publiés et diffusés internationalement.
Le soutien de l'Université de Lyon 2 sera mentionné sur les affiches et le programme diffusés sous format papier et sous format électronique, site WEB, Calenda, dans la communication (lettres électroniques de l’ISH, du LARHRA et des autres laboratoires du site Lyon–Saint-Etienne), listes de diffusion et blogs scientifiques français et étrangers (en histoire, histoire de l'art, économie, sociologie, droit, science politique), H-France, collègues étrangers (pour information et rediffusion à leurs propres réseaux : monde anglo-saxon, Australie, Europe, Afrique, Asie).

 

3/ Objectif partenarial - L’organisation du colloque par le LARHRA et le CGC, avec le soutien de l’ENS Lyon, pôle scientifique régional fort, et le partenariat des musées Gadagne, vise, d’une part, à renforcer l’enracinement de l’histoire économique et de l’histoire de l’art dans la région Rhône-Alpes et Bourgogne, disciplines déjà bien présentes sur les sites universitaires de Lyon–Saint-Etienne et de Dijon, et, d’autre part, à consolider les relations entre Université et Ville, entre Université et Département et Métropole. Accueilli par les musées Gadagne, institution largement ouverte sur la société lyonnaise et bien connue des habitants de la ville, le colloque sera également l’occasion de nouer des contacts, ou de renforcer des collaborations, avec des institutions, des entreprises et des associations extérieures au monde académique : nous entendons nous rapprocher des associations engagées dans la lutte contre la pauvreté, mais également des entreprises qui mènent des politiques dans ce secteur ou manifestent un intérêt pour ces questions.


4/ Objectif sociétal - Coïncidant avec la tenue de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre, le colloque souhaite renouer le fil d’une tradition ancienne de l’histoire économique et sociale, illustrée à l’Université de Lyon par les travaux fondateurs d'un Pierre Léon ou d'un Pierre Cayez, tradition reprise à sa manière par Axelle Brodiez-Dolino, membre du conseil scientifique du colloque, médaille de bronze 2017 du CNRS pour ses travaux sur l'histoire de la pauvreté-précarité. Tradition également forte à l’Université de Dijon, qui a de longue date encouragé les recherches historiques dans le domaine des organisations politiques et syndicales et dans celui des réformes et des luttes sociales.
Un colloque sur le thème des « Marchés de la misère » s’inscrit donc dans la tradition historiographique des deux institutions qui collaborent à son organisation ; il permettra de confronter les points de vue sur des questions essentielles à l’intelligence du monde actuel en les inscrivant dans une approche critique et historique : la mondialisation, les bouleversements des modes de représentation et d’organisation, la culture de consommation et l’économie de survie, le rôle de l’économie urbaine, la redistribution des richesses, les formes d’économie parallèle...

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